Les relais - Technique de pose
Principe traditionnel
Habituellement, les relais ont l'aspect ci-contre. Ils sont constitués de deux points d'ancrage reliés par une chaîne où se loge un anneau destiné à l'assurage du grimpeur.
Le point du haut sert uniquement au renfort éventuel du point bas dans l'hypothèse d'un arrachement ou d'une rupture de ce dernier.
En revanche, cette destination traditionnelle est contrariée lorsque l'anneau du bas est confisqué au profit d'un système à moulinette (Moulinox ou autre). Dans ce cas, le grimpeur qui souhaite se vacher aura recours au maillon disponible du haut, avec les inconvénients que cela présente :
- le point haut sera soumis à l'effort de poussée qu'exerce habituellement le grimpeur contre la paroi pour ne pas être plaqué contre celle-ci.
- l'attirail du grimpeur (longe, baudrier) n'est pas conçu pour absorber l'énergie d'une chute éventuelle d'environ 1,50 m en cas d'arrachement du point qui l'assure.
Autre concept
En revanche, en positionnant le système à moulinette en haut du relais (photo de droite), les pratiques d'assurage s'en trouvent spontanément modifiées :
- L'anneau du haut est à l'usage exclusif de la moulinette et il n'est plus soumis aux efforts du grimpeur arc-bouté contre la paroi.
- Si le point haut venait à céder, la hauteur de chute serait limitée à la longueur de chaine (le grimpeur n'est jamais au dessus du Moulinox car ce système ne s'installe qu'en fin de voie). La corde absorberait l'énergie de la chute par son allongement sur la longueur déployée entre le grimpeur et son assureur.
- L'anneau «flottant» du bas reste entièrement disponible au grimpeur pour ses autres manœuvres.
Construction
Les relais de Mâlain comportent 2 broches reliées par 2 maillons-rapides et, idéalement, une chaine de 7 maillons (25 à 27 cm entre les 2 broches lorsque la configuration du rocher le permet).
Hormis les broches qui sont scellées à demeure, tous les éléments du relais sont modulaires : ils peuvent être remplacés lorsqu'ils sont usés et leur principe d'assemblage est évolutif.
Les 2 broches sont positionnées l'une au dessus de l'autre, avec un décalage vertical qui permet :
1. D'éviter un chevauchement du système de descente avec celui destiné à se vacher,
2. Lorsque sa longueur est adaptée, le jeu de la chaine est absorbé grâce à la courbe qu'elle imprime et elle tend à se positionner naturellement en partie haute du maillon-rapide(photo précédente). La partie basse du maillon-rapide est libérée au profit des manœuvres de corde. Au contraire, dans l'hypothèse d'un montage aligné verticalement, ou d'une chaine bien trop longue, la chaine a tendance à encombrer la partie basse du maillon-rapide et peut dans certains cas contrarier le passage de corde (friction, coincement...). Dans d'autres cas extrêmes signalés par l'association Munster Escalade, la corde peut agir sur l'écrou du maillon, le dévisser jusqu'à l'ouvrir et, finalement, s'en échapper (croquis ci-contre).
La pose éventuelle d'un Moulinox ("queue de cochon" en fil inox de 12 mm) ne se conçoit qu'en fin de voie. Dans ce cas, il est relié par une chainette de 3 maillons qui permet de bien positionner ses deux branches en appui sur le rocher. Le Moulinox est installé sur la broche supérieure du relais afin de conserver l'accessibilité du maillon-rapide "flottant" inférieur.
La chaine est un «maillon» important du relais. Le modèle utilisé, avec ses 12.500 kg de charge de rupture garantie, se situe très largement au dessus de la norme des équipements de protection individuelle.
Caractéristiques des composants
Les composants son harmonisés sur un diamètre commun de 10 mm. En revanche, les critères économiques ont guidé le choix sur des traitements anticorrosion différents.
- Chaine de palan LEVAC réf. 6051G21G (norme NFE 26011), Ø 10 mm, 12.500 kg de charge de rupture garantie. Traitement anticorrosion "Dacromet" (attention : montre quelques traces de rouille après 1 an d'exposition aux intempéries. Ces traces ne compromettent en rien la résistance mais l'évolution est à surveiller, ne serait-ce qu'au plan esthétique).
- Maillons-rapides PEGUET Ø 10 mm zingué, charge de rupture sur grand axe fermé : 25 kN "CE" (norme EN 362:05/Q & EN 12275). Type à "Grande Ouverture" adapté au diamètre des maillons de chaine.
- Broches à sceller BROUET-BADRE, de type monobloc à œil 22 mm et tige 12 mm non lisse. Finition par zingage à chaud. Résistance à la rupture : 3500 daN (source : F. F. de Spéléologie).
- Scellement à la résine HILTI HIT RE-500 dont la résistance à la traction axiale est supérieure à la valeur CE/UIAA de 2000 daN (source : Laboratoire d'Essai de l'E.N.S.A.).
- Moulinox, en fil Ø 12 mm d'acier inox (test officieux : 900 kg).
- Le rocher qui supporte les amarrages a aussi droit de cité : c'est du granit et sa dureté est confirmée par l'usure très précoce des mèches de forage.
Technique de pose
Les ancrages sont constitués de broches à sceller.
Deux longueurs selon la qualité de roche : 12 X 140 mm et 14 X 300 mm.
- Perçage d'une gorge verticale de 4 cm de haut (largeur du foret) permettant de noyer partiellement l'œil de broche dans le rocher afin d'éviter les porte-à-faux et rotations.
- Perçage du logement de la tige de broche. Le perçage est incliné à 75° vers le bas (cas d'une paroi verticale) :
Ø 14mm X 105 mm pour les broches de 140 mm (tige 12 mm).
Ø 16mm X 265 mm pour les broches de 300 mm (tige 14 mm).
Nettoyage : un 1er soufflage des poussières à la pompe suivi d'un brossage du trou au goupillon de 18 mm et enfin dernier soufflage de finition. - Scellement à la résine HILTI HIT RE-500.
Une cartouche de 500 ml permet au maximum la pose de 25 broches de 140 mm.
Conseils
- Prévoir des buses supplémentaires lorsque le temps de pose est long,
- Se méfier au démarrage d'une cartouche neuve : Il arrive que l'un des composants tarde à venir et que le mélange ne soit pas correct (résistance anormale de la détente du pistolet + mélange de couleur beige pâle). Dans ce cas, extruder beaucoup plus de motier que ne le mentionne la notice, jusqu'à obtention d'une couleur rose (la résine passe de la teinte rose au beige clair après quelques mois).
- Autre élément dont il faut tenir compte : La durée de conservation n'est que de 9 mois...
- Le maillon-rapide doit être maintenu bloqué par un levier pendant le serrage de la vis afin d'épargner la broche de cette contrainte.