Un drôle d'oiseau sur le Mont-Blanc
Lundi 22 Juin, je suis prêt, affuté, acclimaté, swoop 16 light et matos d'alpi vérifié. Le temps s'améliore après un intermède neigeux le week end précédent.
Mardi 13 Juin au matin, un passage à l’OHM de Cham. me renseigne sur les conditions en altitude ; les prévis. météo sont bonnes pour les 48 heures à venir. Départ à 15 heures du Cuchon (Les Contamines) pour une montée au refuge des Conscrits. Arrivée à 18 heures. Le but de mon petit voyage en solo : une traversée du Mont Blanc, SW / NE, par les dômes de Miage, l’Aiguille de Bionnassay, le dôme du Goûter, le Mont Blanc et descente en volant par les trois Monts et les Aiguilles de Chamonix. Je ne le sais pas encore mais le hasard des rencontres va me faire jouer au « facteur du Mont Blanc ».
Le soir, attablé aux Conscrits, je rencontre Firmin, guide aux Contamines. On parle de ma course à venir, il me donne quelques conseils sur l’itinéraire et me confie une lettre pour le refuge Durier.
Mercredi 24 Juin, départ à 5 heures, Aiguille de la Bérangère, Dômes de Miage, col des Miages, journée splendide, conditions excellentes, seuls les passages de descente vers le col du Miage ralentissent ma progression : neige foireuse et désescalade délicate. Arrivée à Durier à 11 heures 30. Rencontre d’Hélène, gardienne des lieux, exilée pour la saison d’été sur cet îlot de neige à 3360 mètres d’altitude. Son refuge : une cabane minuscule, tôle et froid dehors, tout bois et chaleur dedans, havre de solitude dans ce coin sauvage et sublime, isolé à 6 heures de marche de la vallée. Je livre mon premier courrier... Surprise. Bouffe, repos, et prépa. de la course du lendemain. Deux cordées arrivent de l’éperon Métrier : Guide écossais, client anglais et deux flamands truculents. Hélène me confie deux lettres pour la vallée. Soirée polyglotte et animée autour d’un repas succulent. Merci Hélène pour cet accueil chaleureux.
Jeudi 25 Juin, départ à 4 heures, je progresse rapidement, la neige est dure, la glace est tendre et le rocher sec. Sommet de Bionnassay à 7 heures, pensée émue pour ceux qui ont décollé d’ici : Peu de place pour étaler la voile et pente à 40°... La fameuse arrête cornichée est très aérienne, vierge de toutes traces. Emotion, concentration et bonheur d'être seul en montagne. Refuge Vallot à 9 heures, petit arrêt restauration. J’ai croisé plusieurs cordées qui descendaient : Pas de vent là-haut.
L’arrête des Bosses rien que pour moi… je rejoins un parapentiste épuisé, il a laissé sa voile au dôme du Goûter mais veut aller en haut. 10 heures 30, le Top, une dernière cordée redescend et me laisse le sommet. Je savoure ces moments : temps superbe, température 5°, cumulus sur la Suisse et l’Italie, vallée dégagée mais pas de vent… il va falloir cavaler !
11 heures, je me décide à décoller, la swoop est étalée versant nord, quand arrive une cordée de trois par l’itinéraire des trois Monts. Des alpinistes dijonnais du CAFOD, sympas et enjoués. Je les prends en photos et ils me proposent la pareille, échange d’adresses mail et j’aurai la joie de recevoir leurs superbes photos.
J’ai fait une reco. sur la pente, la neige est molle, je vais pouvoir décoller sans crampons, beaucoup mieux pour courir vite… Très vite même : vent nul, la swoop veut de la vitesse, elle l’aura. J’ai de la réserve et de la motivation pour descendre en volant. Après, 20 minutes de pur bonheur : Mont Maudit, Mont Blanc du Tacul, Aiguille du Midi, Midi Plan, Grepon -Charmoz, toutes les Aiguilles… Demi-tour verticale du Montenvers direction l’atéro du bois du Boucher. Swoop détrimée à fond pour contrer la brise de vallée. Posé OK sur un atéro très fréquenté, anonymat garanti, je retrouve la vallée… Je détonne en tenue de montagne, ici tout le monde vole en t-shirt et pantacourt, normal, température sol : 25°.
12 heures, j’arrive au bar des sports pour livrer le courrier du jour, en direct du refuge Durier. Service express par SGV (Swoop Grande Vitesse). Michelle, la patronne m’offre un coup à boire : le facteur du Mont Blanc à fini sa tournée…
Auteur : Thierry Betton